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Page:D'Isle - Deux cœurs dévoués, 1875.djvu/210

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DEUX CŒURS DÉVOUÉS.

sous au boulanger ; il se demandait s’il était possible de trouver la marquise dans une si grande ville, et commençait à croire qu’en lui disant qu’il pouvait chercher un an, le soldat ne le trompait pas.

Cette nuit-là, il ne dormit pas un instant, et sans Moricaud, qu’il garda dans ses bras sur le banc de pierre où il était tombé accablé de lassitude et de chagrin, il eût couru grand risque de mourir de froid.

Le matin du troisième jour, il vint résolument se poster devant la porte des Tuileries, pensant que tôt ou tard le soldat viendrait ; d’ailleurs c’était sa dernière ressource.

Vers deux heures, il commença à tomber une pluie glacée, qui transperçait Louis en trempant ses minces vêtements. Le pâtre transi songeait à chercher un refuge sous une porte cochère, quand il reconnut le militaire qui lui avait déjà parlé.

« Tiens ! te voilà, mon petit, dit le brave homme à Louis, eh bien ! je me suis informé de ta marquise ; il s’est trouvé que c’est pas mon colonel qui la connaît ; ça m’a étonné, car il connaît fameusement du monde dans la haute volée ; cependant, il ne la connaît pas ; mais j’ai trouvé…

— Vous avez trouvé, vous savez son adresse ! s’écria Louis qui mourait d’impatience.