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Page:D'Isle - Deux cœurs dévoués, 1875.djvu/214

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DEUX CŒURS DÉVOUÉS.

— J’aurais bien voulu la savoir aujourd’hui, répondit Louis avec des larmes plein les yeux.

— Je te la dirai demain, je te le promets, va, petit. »

L’enfant s’en alla chercher un refuge sur le banc de pierre où il avait déjà passé la nuit ; il grelottait sous la pluie qu’un vent glacial n’avait pas dissipée ; il ne lui restait plus de pain. Son estomac, vide depuis huit heures du matin, demandait en vain un aliment. Moricaud tournait vers son jeune maître des yeux suppliants.

« Je n’ai plus de pain, mon pauvre Moricaud, dit l’enfant en caressant la tête de son chien ; il faut dormir sans dîner. »

Il essaya de dormir, mais il ne le put pas ; il resta encore toute cette nuit-là, les yeux grands ouverts, prêtant malgré lui l’oreille au bruit de la rue, regardant ceux qui passaient, essayant de ranimer son courage et ne le pouvant pas.

Une journée seulement le séparait de son but : le pauvre Louis se sentait si faible qu’il doutait s’il l’atteindrait.

Le soleil parut enfin, éclairant à peine un ciel sombre, chargé de nuages. La neige commença à tomber, Louis resta plusieurs heures comme pétrifié sur son banc avec Moricaud sur sa poitrine, dont la chaleur lui communiquait un peu de force. Quand il entendit sonner trois heures, il