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Page:D'Isle - Deux cœurs dévoués, 1875.djvu/218

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DEUX CŒURS DÉVOUÉS.

tendit à ses pieds en gémissant. Il lui sembla qu’un poids affreux se posait sur sa poitrine, une irrésistible envie de dormir s’empara de lui, la pâleur de la mort couvrit son front ; il resserra d’une main convulsive son manteau autour de son corps. La neige, qui continuait à tomber, le couvrait déjà presque entièrement et, se sentant saisi d’un engourdissement invincible, l’enfant murmura d’une voix à peine intelligible :

« Ma mère ! »

Quelques instants encore, et le fils adoptif de Louise Rigault allait trouver un tombeau là où il avait été chercher le bonheur de sa famille.

Les quelques passants qui suivaient la rue Saint-Dominique distinguaient à peine sous cette couche glacée les deux êtres qui s’y ensevelissaient lentement. Chacun d’ailleurs, pressé par le froid, s’inquiétait peu de ce qui se passait à ses pieds.

La lourde porte cochère de l’hôtel s’ouvrit pour livrer passage à une voiture attelée de deux beaux chevaux ; à la lueur des lanternes qui l’éclairaient, une jeune fille, assise dans la voiture, s’écria :

— « Oh ! maman, regardez donc, il y a là près de la porte quelque chose ; mon Dieu ! on dirait un être humain !

— C’est vrai, c’est vrai, » répondit la marquise, qui se pencha à son tour pour voir.