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Page:D'Isle - Deux cœurs dévoués, 1875.djvu/228

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DEUX CŒURS DÉVOUÉS.

noirs, et son visage se creusait et se décolorait à vue d’œil ; son front, si uni autrefois, se sillonnait de rides ; on lisait sur sa physionomie la tristesse, la souffrance, l’anxiété, et pourtant il brillait encore dans ses yeux bleus un rayon de douceur et de résignation infinies ; seule, abandonnée, misérable, craignant pour elle et surtout pour ses enfants, frappée par tant de malheurs, cette âme espérait encore ; elle se reportait vers le ciel comme pour y chercher la force, et le ciel la lui envoyait en récompense de sa foi profonde.

Quand Catherine rentra ce soir-là, elle vint en sautant embrasser Louise.

« Ah ! qu’il fait froid, ce soir ! s’écria-t-elle en s’asseyant sur un tabouret aux pieds de sa mère ; réchauffe-moi un peu, maman. »

Elle prit les deux mains de Louise, qui la glacèrent.

« Mon Dieu ! tu as plus froid que moi, dit-elle, ne travaille plus, mère, cela te refroidit ; si tu veux, je vais allumer du feu pour le souper, tu te chaufferas.

— Ce n’est pas la peine, ma Catherine, répondit Louise, je suis très-bien, et puis… il n’y a pas de bois à la maison.

— Pas de bois !

— Je n’ai pas le temps d’en aller ramasser et je ne peux en acheter.