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Page:D'Isle - Deux cœurs dévoués, 1875.djvu/235

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DEUX CŒURS DÉVOUÉS.

Elle s’arrêta : le bonheur, l’étonnement, la reconnaissance lui coupaient la parole. Elle leva vers Béatrice ses yeux où se peignait toute son âme si simple et si tendre, et son regard fut le plus éloquent de ses remercîments.

Louis avait saisi les mains de la marquise ? qu’il baisait en pleurant ; sa mère vint à son tour presser entre les siennes ces mains bienfaisantes. Béatrice se leva ; elle ouvrit ses bras à Louise.

« Embrassez-moi, » lui dit-elle.

La pauvre femme, ravie et confuse, embrassa avec affection et respect celle à laquelle elle devait tout. Ce fut un beau et touchant spectacle que celui de ces baisers échangés entre ces deux femmes si pareilles par le cœur, si éloignées par la situation. Le ciel dut sourire à cette étreinte fraternelle de deux créatures bénies de lui ; le front de la marquise se couronna d’une splendeur nouvelle, l’humble front de la paysanne rayonna d’une joie inaccoutumée : l’une et l’autre étaient dignes du Dieu qu’elles savaient si bien servir.