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Page:D'Isle - Deux cœurs dévoués, 1875.djvu/239

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DEUX CŒURS DÉVOUÉS.

d’une robe blanche passait à travers une allée du parc, elle bénissait aussi celle qui, après Dieu, avait été l’instrument de son bonheur.

Pendant le temps des vacances, un bel enfant entrait souvent dans le petit jardin, venait gaiement embrasser Louise, et faisait accourir au bruit de son pas toutes les bêtes familières : c’était René, qu’on appelait déjà M. le comte, quoiqu’il restât toujours René pour ses amis de la laiterie ; René, plus beau, meilleur encore qu’autrefois, qui ôtait souvent son habit pour aider Louis à cultiver et à arroser les plantes du petit jardin.

Le jour de la Saint-Louis, il ne manquait jamais d’apporter un beau rosier à la fermière, et ces fleurs, offertes par des mains si chères, faisaient bien plus de plaisir à Louise Rigault qu’un bijou précieux. On rentrait les rosiers l’hiver, on les garantissait du froid ; les roses qu’ils donnaient parfois à Noël ; grâce à ces soins, faisaient souvenir des bienfaiteurs de la famille, et on allait les porter aux pieds de la Vierge.

Cora, plus âgée que son frère, occupée de la maison de sa mère, dont elle était devenue la surintendante, donnant des bals, des fêtes, accompagnait sa mère partout et faisait des visites moins fréquentes aux modestes habitants de la ferme ; cependant une semaine se passait rarement sans qu’elle vînt demander du lait à Louise,