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Page:D'Isle - Deux cœurs dévoués, 1875.djvu/250

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DEUX CŒURS DÉVOUÉS.

vement et d’émotion ; il n’avait qu’un rêve, la guerre ; lorsque René sortit de Saint-Cyr, Louise ne put empêcher son fils de suivre le fils de sa bienfaitrice ; il s’engagea dans le régiment du jeune comte. On peut penser si ce fut une grande joie pour tout le monde, lorsqu’après la prise de Sébastopol, le même jour, à la même heure, René vint sonner à la grille du château et Jacques frappa à la porte de la ferme.

La marquise trouva René maigri, bruni, mais fortifié et joyeux.

Son bonheur de revoir son père, sa mère, sa sœur après tant de fatigues et de dangers, s’exprimait avec une expansion où se mêlaient, d’une façon charmante, l’élan du soldat et la tendresse du fils.

Lorsqu’il racontait à sa famille attentive les épisodes de cette belle campagne de Crimée, l’une des gloires de notre histoire contemporaine, le marquis frémissait d’orgueil ; la marquise contemplait son fils et le voyait s’embellir par un noble enthousiasme, à mesure qu’il se rappelait les douleurs, les périls, les triomphes de l’armée.

Il s’interrompait souvent pour embrasser sa mère, et lui disait que ses bras lui semblaient encore plus doux et plus précieux depuis qu’il avait craint tant de fois de ne plus les retrouver.