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Page:D'Isle - Deux cœurs dévoués, 1875.djvu/251

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DEUX CŒURS DÉVOUÉS.

« Oh ! mon cher enfant ! murmurait la marquise en passant sa main sur les cheveux blonds de son fils, mes bras seraient bien plus heureux s’ils pouvaient te serrer toujours sur mon cœur.

— Mais la gloire, ma mère ?

— Oh ! la gloire ! je ne l’aime pas lorsqu’il faut tant de sang pour la payer ! Tu me fais peur parfois en me parlant de ton métier, et j’ai été folle de te le laisser choisir.

— Vous ne direz pas cela quand vous me verrez colonel, reprenait René ; vous m’embrasserez en riant, comme vous faites à présent rien qu’en y songeant.

— Oui, si tu t’arrêtais là, mais tu voudras être général.

— Et maréchal de France, avec l’aide de Dieu, comme mon bisaïeul René-Hugues de Méligny, dont les lauriers m’empêchent de dormir… Je suis sûr que mon père ne s’y opposera pas.

— Non, certes, répondait le marquis, un homme doit être homme, aimer sa carrière, la poursuivre avec persévérance, et la noble ambition est une de ses vertus ; ta mère ne pense pas le contraire, mon fils, mais son amour s’effraye de te savoir si souvent en danger. »

Malgré les craintes de Béatrice, craintes lointaines et que la jeune confiance de son fils réussissait à dissiper, ce temps du premier congé de