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Page:D'Isle - Deux cœurs dévoués, 1875.djvu/26

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DEUX CŒURS DÉVOUÉS.

étaient réunies dans le salon de la duchesse de Morancé, pour prendre part à ce goûter que devait présider la charmante Merveille.

Ce furent, en l’apercevant, des exclamations sans fin. Jamais on n’avait vu une semblable poupée ! Toutes les jeunes amies de Béatrice en rêvèrent la nuit, et il en fut question pendant plus d’un mois dans leurs réunions.

Chaque fois que la duchesse de Morancé sortait avec sa fille, Béatrice emportait Merveille, vêtue d’un costume nouveau ; elle l’asseyait sur ses genoux dans la voiture, et quand on descendait pour faire des emplettes, elle la reprenait dans ses bras et se refusait obstinément à l’abandonner cinq minutes.

Lorsqu’elle l’emportait aux Tuileries, on faisait cercle autour de Merveille ; les enfants exprimaient une telle admiration que le cœur de Béatrice se gonflait d’un joyeux orgueil.

Un jour qu’on avait invité Merveille et Béatrice, la fille et la mère, à une petite soirée d’enfants, Béatrice, après qu’elle eut été accueillie par ses jeunes amies, remarqua dans un coin du salon une petite fille en deuil, toute pâle et très-triste.

« Qu’as-tu ? lui demanda Béatrice, en s’approchant d’elle et en lui prenant affectueusement la main. Pourquoi pleures-tu ? »