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Page:D'Isle - Deux cœurs dévoués, 1875.djvu/264

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DEUX CŒURS DÉVOUÉS.

tes et l’émotion qu’elle montrait si vivement un instant auparavant.

Mais lorsque le jeune homme l’eut embrassée pour la dernière fois, lorsqu’elle l’eut vu monter sur son cheval et disparaître rapidement sur la route de Tours, la pauvre mère laissa son cœur déborder tout entier ; elle appuya sa tête contre la grille, et cacha dans ses mains son visage inondé de larmes.

Elle n’aurait pu dire depuis combien de temps elle était là, quand le bruit d’un sanglot lui fit retourner la tête.

C’était Louise, Louise qui venait de reconduire aussi son fils partant pour la même guerre.

« Je ne suis donc pas seule à pleurer, s’écria Béatrice, ma pauvre Louise !

— Ah ! madame ! ils sont partis, nos enfants ! »

Les deux femmes tombèrent alors dans les bras l’une de l’autre ; il n’y avait plus de marquise ni de paysanne ; il ne restait là que deux mères en proie à la même douleur.

« Venez, madame, ayons du courage ; n’en ont-ils pas plus que nous ? dit enfin Louise en soutenant la marquise et en la ramenant du côté du château. Hélas ! on est forte quand ils sont là, continua-t-elle, mais quand on ne les voit plus, il semble que toute la force s’en est allée avec eux.