Aller au contenu

Page:D'Isle - Deux cœurs dévoués, 1875.djvu/270

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
264
DEUX CŒURS DÉVOUÉS.

sur les Autrichiens. À l’attaque d’une redoute, je faisais si bien rage sur l’un d’eux, qui m’avait pris corps à corps, que mon fusil se brisa ; me voilà désarmé, à la merci de l’ennemi. Je croyais ma dernière heure arrivée, quand, avant que j’aie eu le temps de dire ah ! une épée s’enfonce dans la gorge de l’Autrichien et me sauve en le frappant ; je me retourne pour voir quel brave m’avait délivré ; c’était mon capitaine ! Mon capitaine, qui, me voyant près de succomber, était accouru rapidement à mon secours ; mais, au moment où l’Autrichien se débat encore et tâche de se relever, une maudite balle, partie je ne sais d’où, vint frapper en pleine poitrine l’ami, le maître, le bienfaiteur à qui je dois la vie. Il serait tombé si je ne l’avais soutenu ; la balle était entrée dans le poumon gauche, et il rendait le sang.

« Mon capitaine, lui dis-je, faut sortir de là : je m’en vas vous porter jusqu’à l’ambulance, nous ne pouvons rien faire ici. »

« Il ne voulait pas, il se croyait de force à se battre encore ; je le prends sur mes épaules, et me voilà avec mon fardeau traversant les rangs.

« Enfin j’arrive à l’ambulance. Ah ! j’ai bien pensé à toi, ma mère, et à madame, quand j’ai vu, pâle comme un mort et couvert de sang, mon brave, mon cher capitaine ! On a extrait cette maudite balle, mais il est bien en danger. Dire