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Page:D'Isle - Deux cœurs dévoués, 1875.djvu/273

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DEUX CŒURS DÉVOUÉS.

que le bon Dieu, qui m’a préservé par miracle, n’a pu en faire autant pour lui ! Si quelqu’un méritait d’embrasser son fils sain et sauf, c’était certainement madame… Elle le trouvera bien changé, car il veut retourner à Morancé, près de sa mère ; je ne l’ai pas quitté depuis deux jours.

« Si tu vois que j’ai pleuré, tu ne le diras pas ; mais je ne peux pas faire autrement, après que j’ai eu parlé au docteur, qui ne m’a pas rassuré… On lui a apporté sa rosette d’officier ; il a souri… Pauvre capitaine ! il ne la portera peut-être pas longtemps… Et c’est en venant à mon secours que cette balle l’a atteint !… Ne dis rien à Mme la marquise, ne lui montre pas de souci ; on peut le sauver, on l’espère même, mais on peut aussi le perdre ; je crois que j’en mourrais. Tu ne sais pas toi-même ce que c’est que le capitaine ! Nous l’adorons tous, et nous avons des larmes dans les yeux comme des filles, à la pensée qu’il pourra nous quitter.

« Adieu, ma mère ; je ne te disais pas que je suis maréchal des logis ; je t’embrasse ; ne te fais pas trop de chagrin, on le sauvera ; prie pour lui ! J’embrasse Louis et mes sœurs et Germain ; à bientôt.

« Ton fils respectueux,

« Jacques Rigault. »