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Page:D'Isle - Deux cœurs dévoués, 1875.djvu/274

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DEUX CŒURS DÉVOUÉS.

La lettre de René était plus courte, et Béatrice put l’achever ; elle contenait ces mots :

« Ma mère bien-aimée,

« Dans peu de temps, j’espère, je serai entre vous et mon cher père ; vous me trouverez un peu changé ; j’ai été blessé à Solferino ; heureusement il n’y a rien de grave. Cependant, comme je suis inutile là-bas, j’ai demandé à venir auprès de vous ; c’est le seul moyen de me rétablir vite. Vos belles mains ont le secret de tout guérir.

« Embrassez mon père pour moi et ne vous inquiétez pas ; cette blessure est encore un bonheur puisqu’elle me ramène plus tôt près de vous.

« René de Méligny. »

« Il est blessé ! il est blessé ! répéta la marquise en tendant la lettre à son mari. Ah ! René, mon pauvre enfant !

— Voyons, Béatrice, chère femme, votre tendresse ne doit pas s’alarmer outre mesure ; cette blessure, je l’espère, est sans danger : vous voyez bien d’ailleurs que lui-même le dit.

— S’il était blessé à mort, est-ce à moi qu’il l’avouerait ? s’écria amèrement Béatrice ; du reste, ajouta-t-elle en reprenant la lettre, on voit bien qu’il souffre ; regardez comme cette écriture est mal assurée ; sa main tremblait en m’envoyant