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Page:D'Isle - Deux cœurs dévoués, 1875.djvu/300

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DEUX CŒURS DÉVOUÉS.

Les souffrances que la marquise endurait et qui faisaient parfois se crisper ses mains sur son lit, ne l’empêchaient pas de continuer à parler à son mari. Lui, les yeux fixés sur elle, tandis que de grosses larmes coulaient sans qu’il les essuyât, épiait de minute en minute, avec une poignante attention, les progrès que la mort faisait sur cette noble créature.

Le jour avait succédé à la nuit quand la porte s’ouvrit devant une jeune femme qui vint tomber à genoux devant le lit de Béatrice.

La marquise ouvrit les yeux, le rayonnement de l’amour maternel se peignit dans ses regards mourants !

« Ma Cora ! murmurait-elle d’une voix éteinte, ah ! que j’avais besoin de te voir ! »

Elle attira vers elle la tête adorée de sa fille, pressa contre ses lèvres ce front charmant, resta longtemps muette en la serrant contre son cœur ; puis ses mains s’en détachèrent, un soupir s’échappa de sa bouche, et son âme s’envola dans le dernier de ses baisers maternels ; cette tardive joie avait été trop forte, elle avait hâté sa fin. Béatrice retomba à jamais glacée sur son oreiller… et on n’entendit plus dans la chambre que les sanglots de deux cœurs désespérés.

Le même jour, presque à la même heure, Louise, malade depuis trois mois, avait fait rouler son lit