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Page:D'Isle - Deux cœurs dévoués, 1875.djvu/52

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DEUX CŒURS DÉVOUÉS.

ches, et elle se mit à marcher en tapant gentiment contre terre avec ses talons.

« Elles vous vont parfaitement ! s’écria Rigault enchanté de son ouvrage ; j’ai joliment réussi.

— C’est vrai, dit Louise ; c’est étonnant, puisque vous n’aviez pas la mesure de mon pied.

— Oh ! j’ai eu bien soin d’en prendre l’empreinte sur la terre, quand je vous ai quittée, et sans que vous vous en soyez aperçue : ça m’est venu tout de suite dans la tête de vous faire quelque chose de ma façon. »

Louise et Rigault continuèrent ainsi à parler pendant quelques heures. Ils se racontèrent mutuellement les événements peu nombreux de leur vie. Rigault n’avait plus de père, sa mère vivait encore, dans un village assez éloigné ; le produit d’un petit jardin et quelques faibles rentes, que lui faisaient ses fils aînés, suffisaient à son existence. Lui, Pierre Rigault, le dernier de la famille, espérait bien devenir un jour maître sabotier et contribuer aussi au soutien de sa mère.

Dans toutes ses paroles, Louise vit l’indice d’un bon cœur, d’un caractère franc et enjoué, quoique un peu brusque, et elle découvrit des qualités réelles dans son nouvel ami.

Ces deux pauvres enfants si isolés se lièrent bientôt d’une bonne amitié, dans laquelle le cœur tendre de Louise mit certainement la plus