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Page:D'Isle - Deux cœurs dévoués, 1875.djvu/55

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DEUX CŒURS DÉVOUÉS.

grande part et dont Pierre se montra le plus heureux.

Chaque fois qu’il pouvait s’échapper le dimanche, il accourait aussitôt dans la prairie de Jean-Guillaume, le fils de la mère Gervais, pour dire un petit bonjour à Louise et causer un peu avec elle. À mesure qu’elle grandit, elle fut plus en état de rendre de petits services à Pierre, comme de lui repriser ses habits déchirés ou de lui tricoter quelques paires de bas. Dans les fêtes du village, où elle commença à paraître, la pauvre gardeuse de vaches trouva toujours dans Pierre Rigault un danseur assidu. Comme il était bon sujet et qu’il travaillait habilement, il gagnait assez d’argent pour lui offrir un fichu ou un tablier à la plus belle foire de l’année.

Un jour, Pierre dit à Louise :

« Je pars ; ma pauvre mère est malade, il faut que j’aille la voir ; vous prierez pour elle, petite Louise ; car elle est, je crois, bien mal. »

Au bout de trois semaines, Pierre reparut ; il était changé et très-triste. Louise devina la vérité à sa vue.

« Pauvre Pierre ! dit-elle.

— Hélas ! répondit Pierre, elle est morte, cette bonne mère ! Je ne m’attendais pas à la voir partir si tôt. Oh ! je ne m’en consolerai pas ! »

Louise partagea ses regrets et sembla parta-