Aller au contenu

Page:D'Isle - Deux cœurs dévoués, 1875.djvu/56

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
50
DEUX CŒURS DÉVOUÉS.

ger son deuil. Elle renonça à la danse le dimanche et aux joyeuses veillées d’hiver dans les fermes.

Pierre remarqua ces petits sacrifices, et lui en fut reconnaissant. Dix mois s’écoulèrent. Un dimanche matin, Louise fut tout étonnée de voir entrer Pierre dans la grande salle de la ferme.

« Louise, lui dit-il, j’ai désiré vous parler devant Mme Gervais, parce que j’ai des choses importantes à vous dire. Je ne suis plus ouvrier sabotier ; Mathurin Lesec me cède sa boutique ; je m’en vais être maître à mon tour.

— Ah ! s’écria Louise, je suis bien contente d’apprendre cela !

— Alors, reprit Rigault, pour tenir ma maison, j’ai songé à prendre femme.

— Vous allez vous marier, Pierre ?

— Dame, oui, je l’espère ; pensez-vous que je fais bien ?

— Certainement, si vous choisissez une bonne femme.

— Vous la connaissez… » dit Pierre en tendant sa main à Louise avec un air moitié heureux, moitié embarrassé.

Louise devint toute rouge et regarda la fermière.

« Accepte, ma fille, reprit la mère Gervais, Pierre est un honnête garçon et te rendra heureuse. »