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Page:D'Isle - Deux cœurs dévoués, 1875.djvu/82

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DEUX CŒURS DÉVOUÉS.

tuosité d’un torrent. On s’éparpilla sur les pelouses, dans les bosquets ; les rondes se formèrent, les jeux commencèrent. La marquise contempla quelques instants ce tableau d’un bonheur qui était son ouvrage ; tous ces cris et toutes ces exclamations joyeuses lui semblaient autant de bénédictions. Quand elle quitta le jardin, ses chers protégés la suivirent pour lui dire encore adieu. Bien longtemps elle aperçut derrière la grille leurs joues roses et leurs yeux brillants, bien longtemps elle entendit leurs chants et les éclats de leur gaieté. Une douce satisfaction gonfla son cœur et elle s’éloigna plus satisfaite de ces cris de joie qu’elle ne l’avait été la veille des hommages rendus à sa beauté et à son esprit.

On se lasse d’être admirée, on ne se lasse jamais d’être bénie !

La marquise revint lentement au château, en serrant entre ses mains le bouquet des enfants de l’asile. Elle remonta dans sa chambre, plaça elle-même cette belle gerbe embaumée dans une potiche chinoise, changea de robe et descendit au jardin.

Personne, en la voyant si calme et si souriante, n’aurait deviné qu’elle avait à peine dormi quatre heures.

La plupart de ses hôtes étaient partis. Béatrice, affranchie de ses devoirs de maîtresse de maison,