Aller au contenu

Page:D'Isle - Deux cœurs dévoués, 1875.djvu/88

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
82
DEUX CŒURS DÉVOUÉS.

Elle aurait pu ajouter : aujourd’hui, surtout ! Béatrice fit quelques cadeaux à la petite bergère et lui envoya un petit souvenir chaque fois que l’été la ramena à la campagne. Louise revint à Morancé après son mariage avec Pierre Rigault.

Ce fut Béatrice qui lui donna sa modeste toilette de noce. Pendant l’hiver, la marquise était à Paris ; elle faisait un voyage tous les étés et ne donnait à sa terre de Morancé que quelques mois. C’était pour tous les gens du pays un temps de bénédiction, pour Louise surtout, qui comptait les jours jusqu’à la venue de Béatrice.

Elle allait bien loin sur la route pour apercevoir la première la calèche de voyage. Le lendemain, elle se gardait bien de sortir de chez elle, car elle était sûre que Béatrice viendrait la voir. La maison était balayée, lavée, nettoyée ce jour-là comme pour le plus beau jour de fête. Pierre Rigault apportait des champs de grosses bottes de fleurs ; les enfants, dans leurs habits du dimanche, moitié honteux, moitié charmés, attendaient le cœur palpitant. Enfin, Béatrice venait.

En voyant cette maison si remplie de joie à son approche, elle ne doutait pas que le bonheur n’y habitât.

Nous retrouvons Louise assise sur le pas de sa porte, saluant les passants du village d’un mot bienveillant, tout en se hâtant d’achever une robe