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Page:D'Isle - Deux cœurs dévoués, 1875.djvu/89

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DEUX CŒURS DÉVOUÉS.

d’indienne lilas qu’elle destine à sa petite fille aînée pour assister le dimanche à la messe.

Un faible cri part de l’intérieur de la chaumière ; elle se lève, court au berceau où l’appelle son dernier né, le prend dans ses bras, l’apaise, le repose à demi endormi et retourne à son ouvrage. Mais il faut songer au repas du soir ; elle s’agenouille pour allumer son feu, fait pétiller les sarments dans la vaste cheminée et attache à la crémaillère la marmite de fonte : son mari peut rentrer, il trouvera tout prêt pour sa venue.

Louise a changé pendant ces six années ; son visage ne brille plus du premier éclat de la jeunesse, les fatigues l’ont fait vite disparaître ; mais elle n’a plus cependant cet air inquiet et triste de son enfance. L’œil se repose volontiers sur cette physionomie où se lisent la douceur et la paix. Elle a bien passé des nuits depuis six ans ; elle s’est bien épuisée, la pauvre Louise. Mais ces peines, consacrées à tout ce qu’elle aimait, lui étaient chères.

Travaillant le jour aux sabots, pour gagner un peu d’argent, elle employait ses soirées, parfois ses nuits, pour ses quatre enfants, raccommodant leurs vêtements ou achevant quelque ouvrage à l’aiguille que rétribuait un modique salaire.