Aller au contenu

Page:D'Isle - Deux cœurs dévoués, 1875.djvu/97

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
91
DEUX CŒURS DÉVOUÉS.

son mari ? au moment où ils manquaient d’argent, où il fallait redoubler de travail, elle ajoutait un surcroît à leurs charges. N’importe ; Dieu avait placé cet enfant sur sa route, elle était résolue à ne pas l’abandonner.

Avant d’entrer, elle cacha l’enfant sous sa mante. Pierre était déjà établi à son ouvrage, elle joignit les vingt-cinq francs qui manquaient à la somme de leur terme.

« Tiens, Pierre, dit-elle en étalant l’or devant son mari, tu le vois, Dieu nous est venu en aide.

— Comment t’es-tu procuré cet argent-là, femme ! demanda le sabotier.

— Comment ? c’est mon secret, Pierre ; il vient d’une bonne source, tu peux en être sûr.

— Tu es restée longtemps en course, est-ce que tu as été le demander à nos pratiques ?

— Non, mon ami, non ; j’avais des choses qui ne me servaient pas, je les ai changées contre cette belle monnaie.

— Tu as vendu tes bijoux !

— Eh bien ! qu’est-ce que ça fait ? je n’en avais pas besoin à présent, j’aime mieux ne plus te voir inquiet.

— Ma bonne Louise !… cela me fait peine.

— Écoute, dit Louise en s’agenouillant devant son mari, promets moi de ne pas te fâcher, mon homme. Tu sais, quand les oiseaux font leur