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Page:D'Isle - Deux cœurs dévoués, 1875.djvu/98

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DEUX CŒURS DÉVOUÉS.

nid sous le toit de la maison, c’est signe de bonheur ; le bon Dieu nous a envoyé un petit oiseau sans nid qui vient s’abattre chez nous ; je l’ai ramassé, Pierre, tu ne me gronderas pas de le garder ?… »

Et elle déposa sur les genoux de son mari le petit enfant trouvé.

« Quoi ? s’écria Pierre, un enfant !… N’avions-nous pas assez des nôtres, quand nous avons peine à les nourrir, peux-tu penser à te charger d’un étranger ? Allons, femme, va reporter cet oiseau-là où tu l’as trouvé, ce serait folie de le garder. »

Pour toute réponse, Louise prit l’orphelin, et fit tomber dans sa bouche les gouttes bienfaisantes de son lait.

« Il est maintenant mon fils, dit-elle en le pressant sur son sein. Mon cher homme, regarde ce pauvre innocent, verrais-tu sans douleur ton fils abandonné comme lui ? Je t’en prie, faisons cette bonne action ; que toute notre charité soit confondue en lui seul. C’est le ciel qui nous l’a envoyé, devons-nous le repousser !

— Des gens comme nous se passeraient bien de ces présents-là, » murmura Pierre avec humeur.

Louise poussa un soupir, alla déposer, à côté de son petit Jacques, le fils qu’elle venait d’a-