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Page:D'Ornano - Le choix d'Agnès - nouvelle canadienne inédite, Album universel, 11 août 1906.djvu/12

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Des mois se passèrent, M. Duprat et sa fille habitaient à Montréal leur hôtel de la rue Dorchester. Les soirées d’hiver battaient leur plein. Agnès Duprat gardait sa liberté. M. Fortin lui plaisait, elle n’en disconvenait pas, mais, il n’avait pas encore partie gagnée.

Une petite phrase, prononcée au sortir d’un spectacle, allait, cependant, rendre l’avocat Fortin le plus heureux des mortels. En cette circonstance, alors que lentement il mettait une riche sortie de bal sur les épaules de Mlle Duprat, s’échangèrent ces paroles :

— Ainsi, Monsieur Fortin, disait la jeune fille, vous êtes toujours très occupé ?

— Toujours, ma chère demoiselle, avait répondu l’avocat. Vous ne sauriez vous imaginer combien de détails accablent un homme de bureau, soucieux d’agir avec esprit de suite.

— Oh ! je m’en doute bien un peu, continuait l’orpheline, et c’est pourquoi, en amie, je vous prie de prendre garde au surménage, à la neurasthénie qui guette tous les hommes d’affaires, selon l’avis de papa. Il vous faut vous distraire, M. Fortin, marcher, prendre de l’exercice.

— Je n’y manque pas, mademoiselle, et c’est du fond du cœur que je vous remercie de la sollicitude dont vous me comblez. Aujourd’hui même, j’ai arpenté avec satisfaction les vastes ateliers du Pacifique Canadien, à Hochelaga.