vois que deux grandes figures possibles ; on peut en modifier l’expression, il n’y a pas à en changer les traits : c’est la liberté absolue ou l’autorité absolue. Moi, j’ai choisi la liberté. L’autorité, on l’a vue à l’œuvre, et ses œuvres la condamnent. C’est une vieille prostituée qui n’a jamais enseigné que la dépravation et n’a jamais engendré que la mort. La liberté ne s’est encore fait connaître que par son timide sourire. C’est une vierge que le baiser de l’humanité n’a pas encore fécondée ; mais, que l’homme se laisse séduire par ses charmes, qu’il lui donne tout son amour, et elle enfantera bientôt des générations dignes du grand nom qu’elle porte.
Infirmer l’autorité et critiquer ses actes ne suffit pas. Une négation, pour être absolue, a besoin de se compléter d’une affirmation. C’est pourquoi j’affirme la liberté, pourquoi j’en déduis les conséquences.
Je m’adresse surtout aux prolétaires, et les prolétaires sont pour la plupart encore plus ignorants que moi ; aussi, avant d’en arriver à faire l’exposé de l’ordre anarchique, peinture qui sera pour ce livre le dernier coup de plume de l’auteur, il est nécessaire d’esquisser l’historique de l’Humanité. Je suivrai donc sa marche à travers les âges dans le passé et dans le présent et je l’accompagnerai jusque dans l’avenir.