perstition répondent chez les civilisés, comme chez les barbares, comme chez les sauvages, à un besoin d’idéal que ces populations ne trouvant pas dans le monde du réel, vont aspirer dans le monde de l’impossible. La femme surtout, cette moitié du genre humain, plus exclue encore que l’autre des droits sociaux, et reléguée, comme la Cendrillon, au coin du foyer du ménage, livrée à ses méditations catéchismales, à ses hallucinations maladives, la femme s’abandonne avec tout l’élan du cœur et de l’imagination au charme des pompes religieuses et des messes à grand spectacle, à toute la poésie mystique de ce roman mystérieux, dont le beau Jésus est le héros, et dont l’amour divin est l’intrigue. Tous ces chants d’anges et d’angesses, ce paradis rempli de lumières, de musique et d’encens, cet opéra de l’éternité, dont Dieu est le grand maestro, le décorateur, le compositeur et le chef d’orchestre, ces stalles d’azur où Marie et Madeleine, ces deux filles d’Ève, ont des places d’honneur ; toute cette fantasmagorie des physiciens sacerdotaux ne peut manquer dans une société comme la nôtre d’impressionner vivement la fibre sentimentale de la femme, cette fibre comprimée et toujours frémissante. Le corps enchaîné à son fourneau de cuisine, à son comptoir de boutique ou à son piano de salon, elle erre par la pensée, — sans lest et
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