sans voilure, sans gouvernail et sans boussole, — vers l’idéalisation de l’être humain dans les sphères parsemées d’écueils et constellées de superstition du fluidique azur, dans les exotiques rêveries de la vie paradisiaque. Elle réagit par le mysticisme, elle s’insurge par la superstition contre ce degré d’infériorité sur lequel l’homme l’a placée. Elle en appelle de son abaissement terrestre à l’ascension céleste, de la bestialité de l’homme à la spiritualité de Dieu.
Dans l’Humanisphère, rien de semblable ne peut avoir lieu. L’homme n’est rien plus que la femme, et la femme rien plus que l’homme. Tous deux sont également libres. Les urnes de l’instruction volontaire ont versé sur leurs fronts des flots de science. Le choc des intelligences en a nivelé le cours. La crue des fluctueux besoins en élève le niveau tous les jours. L’homme et la femme nagent dans cet océan du progrès, enlacés l’un à l’autre. Les sources vives du cœur épanchent dans la société leurs liquoreuses et brûlantes passions et font à l’homme comme à la femme un bain savoureux et parfumé de leurs mutuelles ardeurs. L’amour n’est plus du mysticisme ou de la bestialité, l’amour a toutes les voluptés des sensations physiques et morales, l’amour c’est de l’humanité, humanité épurée, vivifiée, régénérée, humanité faite homme. L’idéal