vigueur la puissance de la Révolution. Ah ! au lieu de nous accrocher avec rage à la branche du Passé, de nous y agiter sans succès et d’y ensanglanter notre impuissance, laissons donc le balancier social plonger librement dans l’Avenir. Et, une main appuyée aux cordages, les pieds sur le rebord du plateau sphérique, ô toi, gigantesque aéronaute qui as le globe terrestre pour nacelle, Humanité, ne te bouche pas les yeux, ne te rejette pas à fond de cale, ne tremble pas ainsi d’effroi, ne te déchire pas la poitrine avec tes ongles, ne joins pas les mains en signe de détresse : la peur est mauvaise conseillère, elle peuple la pensée de fantômes. Soulève, au contraire, le voile de tes paupières et regarde, aigle, avec ta prunelle : vois et salue les horizons sans bornes, les profondeurs lumineuses et azurées de l’Infini, toutes ces magnificences de l’universelle anarchie. Reine, qui as pour fleurons à ta couronne les joyaux de l’intelligence, oh ! sois digne de ta souveraineté. Tout ce qui est devant toi c’est ton domaine, l’immensité c’est ton empire. Entres-y, humaine vétusté, montée sur le globe terrestre, ton aérostat triomphal, et entraînée par les colombes de l’attraction. Debout, blonde souveraine, — mère, non plus cette fois de l’enfant infirme d’un amour aveugle et armé de flèches empoisonnées, mais bien au contraire d’hommes en possession de
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