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Page:Déjacque - L’Humanisphère, utopie anarchique.djvu/20

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Alpes rapetissent le montagnard du Valais ! Comme il rampe lentement, de leurs pieds à leurs têtes, par des sentiers à peine praticables ! On dirait qu’il a peur d’éveiller des colères souterraines. Ver de terre, ignorant, esclave, crétin, l’homme serait tout cela aujourd’hui s’il ne s’était jamais révolté contre la force. Et le voilà superbe, géant, Dieu, parce qu’il a tout osé !
Et l’homme lutterait encore contre la Révolution ! Le fils maudirait sa mère. Moïse, sauvé des eaux, renierait la noble fille de Pharaon ! Cela ne peut pas être. Au Dieu du ciel, à la Fatalité, la Foudre aveugle : au Dieu de la terre, à l’homme libre, la Révolution qui voit clair. Feu contre feu, éclairs contre éclairs, déluge contre déluge, lumière contre lumière. Le ciel n’est pas si haut que nous ne puissions déjà le voir ; et l’homme atteint tôt ou tard tout ce qu’il convoite !
(Ernest Cœurderoy)
« Le monde marche. »
(E. Pelletan)


Le monde marche, comme dit Pelletan, belle plume, mais plume bourgeoise, plume girondine, plume de théocrate de l’intelligence. Oui, le monde marche, marche, et marche encore. D’abord il a commencé par ramper, la face contre terre, sur les genoux et les coudes, fouillant avec son groin la terre encore détrempée d’eau diluvienne, et il s’est nourri de tourbe. La végétation lui souriant, il s’est soulevé sur ses mains et sur ses pieds, et il a brouté avec le muffle les touffes d’herbes et l’écorce des arbres. Accroupi au pied de l’ar-