bre dont le haut jet sollicitait ses regards, il a osé lever la tête ; puis il a porté les mains à la hauteur de ses épaules, puis enfin il s’est dressé sur ses deux pieds, et, du haut de sa stature, il a dominé du poids de sa prunelle tout ce qui le dominait l’instant d’auparavant. Alors, il a eu comme un tressaillement de fierté, lui, encore si faible et si nu. C’est qu’il venait de s’initier à la hauteur de sa taille corporelle. C’est que le sang qui, dans l’allure horizontale de l’homme[1], lui bourdonnait dans les oreilles, et l’assourdissait, lui injectait les yeux et l’aveuglait, lui inondait le cerveau et l’assourdissait, ce sang, reprenant son niveau, comme, après le déluge, les eaux fluviales, les eaux océanides, ce sang venait refluer dans ses artères naturelles par la révolution de l’horizontalité à la verticalité humaine, débarras-
- ↑ Quand je dis « l’homme », il est bien entendu que je n’entends pas parler de cet être masculin seulement, mais de l’un comme de l’autre sexe, de l’être humain dans le sens le plus complet. C’est une observation que je fais une fois pour toutes au lecteur. Pour moi, l’humanité est l’humanité ; je n’établis aucune distinction hiérarchique entre les sexes et les races, entre les hommes et les femmes, entre les noirs et les blancs. La différence dans l’organisme sexuel pas plus que la différence dans la couleur de l’épiderme ne saurait être un signe de supériorité ou d’infériorité. Autant vaudrait dire, parce qu’il y a des hommes dont les cheveux sont blonds et d’autres dont les cheveux sont bruns, que cela constitue deux espèces dans l’humanité et qu’il y a lieu d’affirmer la supériorité des bruns sur les blonds. « L’égalité n’est pas l’uniformité ».