Page:Déjacque - L’Humanisphère, utopie anarchique.djvu/26

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

débuts dans le monde, au sortir du ventre de la terre, à l’heure où la loi instinctive guide les premiers mouvements des êtres nouveau-nés, à cette heure où la grande voix de la nature leur parle à l’oreille et leur révèle leur destinée, cette voix qui indique aux oiseaux les aériens espaces, aux poissons les firmaments sous-marins, aux autres animaux les plaines et les forêts à parcourir ; qui dit à l’ours : tu vivras solitaire dans ton antre, à la fourmi : tu vivras en société dans la fourmillière ; à la colombe : tu vivras accouplée dans le même nid, mâle et femelle, aux époques d’amour ; — l’homme alors entendit cette voix lui dire : tu vivras en communauté sur la terre, libre et en fraternité avec tes semblables ; être social, la sociabilité grandira ton être ; repose où tu voudras ta tête, cueille des fruits, tue du gibier, fais l’amour, bois ou mange, tu es partout chez toi : tout t’appartient à toi comme à tous. Si tu voulais faire violence à ton prochain, mâle ou femelle, ton prochain te répondrait par la violence, et, tu le sais, sa force est à peu près égale à la tienne ; donne carrière à tous tes appétits, à toutes tes passions, mais n’oublie pas qu’il faut qu’il y ait harmonie entre tes forces et ton intelligence, entre ce qui te plaît à toi et ce qui plaît aux autres. Et, maintenant, va : la terre, à cette condition, sera pour toi le jardin des Hespérides.