Avant d’en arriver à la combinaison des races, la Terre, petite fille avide de jouer à la production, tailla et découpa dans l’argile, aux jours de sa fermentation, bien des monstres informes qu’elle chiffonna ensuite et déchira avec un tremblement de colère et un déluge de larmes. Tout travail exige un apprentissage. Et il lui fallut faire bien des essais défectueux avant d’en arriver à la formation d’êtres complets, à la composition des espèces. Pour l’espèce humaine, son chef-d’œuvre, elle eut le tort de comprimer un peu trop la cervelle et de donner un peu trop d’ampleur au ventre. Le développement de l’une ne correspondit pas au développement de l’autre. Il y eut fausse coupe, partant de la désharmonie. Ce n’est pas un reproche que je lui adresse. Pouvait-elle faire mieux ? Non. Il était dans l’ordre fatal qu’il en fût ainsi. Tout était grossier et sauvage autour de l’homme : l’homme devait donc commencer par être grossier et sauvage : une trop grande délicatesse de sens l’eût tué. La sensitive se replie sur elle-même quand le temps est à l’orage, elle ne s’épanouit que sous le calme et rayonnant azur.
Le jour vint donc où l’accroissement de la race humaine dépassa l’accroissement de son intelligence. L’homme, encore sur les limites de l’idiotisme, avait peu de rapport avec l’homme. Son hébétement le rendait farouche.