illimités pour y exécuter leurs progressives évolutions ; enfin, tous ces globes de globes et leur mouvement continu ne peuvent donner qu’une idée sphérique de l’infini, et démontrer par une argumentation sans réplique, — argumentation que l’on peut toucher de l’œil et de la pensée, — que l’ordre anarchique est l’ordre universel. Car une sphère qui tourne toujours, et sur tous les sens, une sphère qui n’a ni commencement ni fin, ne peut avoir ni haut ni bas, et par conséquent ni dieu au faîte ni diable à la base. Le Circulus dans l’universalité détrône l’autorité divine et prouve sa négation en prouvant le mouvement, comme le circulus dans l’humanité détrône l’autorité gouvernementale de l’homme sur l’homme et en prouve l’absurde en prouvant le mouvement. De même que les globes circulent anarchiquement dans l’universalité, de même les hommes doivent circuler anarchiquement dans l’humanité, sous la seule impulsion des sympathies et des antipathies, des attractions et des répulsions réciproques. L’harmonie ne peut exister que par l’anarchie. Là est toute la solution du problème social. Vouloir le résoudre autrement, c’est vouloir donner à Galilée un éternel démenti, c’est dire que la terre n’est pas une sphère, et que cette sphère ne tourne pas. Et cependant elle tourne, répéterai-je avec ce pauvre vieillard que l’on condamna à se par-
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