chique n’a besoin ni de bibles ni de codes ; chacun d’eux porte en soi sa loi et son prophète, son cœur et son intelligence. Il ne font pas à autrui ce qu’ils ne voudraient pas que leur fit autrui, et ils font à autrui ce qu’ils voudraient qu’autrui leur fit. Voulant le bien pour eux, ils font le bien pour les autres. Ne voulant pas qu’on attente à leur libre volonté, ils n’attentent pas à la libre volonté des autres. Aimants, aimés, ils veulent croître dans l’amour et multiplier par l’amour. Hommes, ils rendent au centuple à l’Humanité ce qu’enfants ils ont coûté de soins à l’Humanité ; et à leur prochain les sympathies qui sont dues à leur prochain : regard pour regard, sourire pour sourire, baiser pour baiser, et, au besoin, morsure pour morsure. Ils savent qu’ils n’ont qu’une mère commune, l’Humanité, qu’ils sont tous frères, et que fraternité oblige. Ils ont conscience que l’harmonie ne peut exister que par le concours des volontés individuelles, que la loi naturelle des attractions est la loi des infiniment petits comme des infiniment grands, que rien de ce qui est sociable ne peut se mouvoir que par elle, qu’elle est la pensée universelle, l’unité des unités, la sphère des sphères, qu’elle est immanente et permanente dans l’éternel mouvement ; et ils disent : En dehors de l’anarchie pas de salut ! et ils ajoutent : Le bonheur, il est de notre monde. Et
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