Page:Délices royales, ou le Jeu des échecs 1864.djvu/24

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L’impartialité, l’honneur et la justice.
Entre chaque soldat et chaque régiment
Tout se vaut : discipline, instruction, vaillance ;
Et pour équilibrer cette sage balance,
Pour que, dans la mêlée, une fatale erreur
N’atteigne pas l’ami pris pour un adversaire,
Si le même uniforme a paru nécessaire,
On en a prudemment contrasté la couleur.


III


Noirs et blancs, voici donc les deux partis en face.
— Presque toujours on voit, pour commencer le feu,
Bondir un guerrier nain, plein d’une froide audace,
Que sa valeur signale, et sa taille fort peu :
C’est le Pion… Messieurs, criez : « Vive la Ligne ! »
Jamais brave ne fut plus modeste, plus digne ;
Et pourtant l’action ne saurait se lier
Sans lui… si l’on manquait du hardi cavalier.
· · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·
Le Pion marche droit, mais ses coups sont obliques.
À droite, à gauche, il frappe, et son pas ferme et lent
Pave l’échiquier de hauts faits magnifiques :
C’est le seul qui jamais ne tue en reculant.
A-t-il du camp rival dépassé la limite,
Il meurt, mais en héros. Ce trépas glorieux