Page:Délices royales, ou le Jeu des échecs 1864.djvu/46

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mentir, de tuer et de voler. Loin de nous une telle peste ! loin de nous une telle honte ! Il déshonore la maison de son père ; je le hais, et de la haine la plus grande. »

Pendant qu’il parlait ainsi, les sanglots étouffaient la voix de son frère, qui enfin tomba de toute sa hauteur sur le sol, de honte et de confusion, hors d’état de pouvoir réunir ses pensées.

À la vue de cet enfant qui se taisait et restait stupéfait comme le muet qui ne peut ouvrir la bouche, je sentis mon cœur tressaillir de compassion pour lui, et prenant le ton d’un juge clément, je lui dis : « Lève-toi, mon fils ; pourquoi demeurer la face contre terre ? Si tu as été dans l’erreur, si tu as péché et que tu corriges ta vie, le Seigneur notre Dieu possède la miséricorde et la remise des péchés, sa droite est étendue pour recevoir ceux qui font pénitence, et les portes du repentir ne te seront pas fermées dans l’éternité ; tu peux encore espérer, car il y a en toi quelque chose de bon aux yeux de Celui qui voit tout. C’est la vertu qui fit la gloire des grands siècles, qui les fit appeler modestes, fils des hommes modestes ; cette vertu conduit l’homme à la crainte du péché, à l’honnêteté, à la pureté et à la sainteté, qui toutes ont pour fondement la pudeur ; ainsi donc, ouvre la bouche, et viens nous éclairer par tes paroles ; parle, car je veux te justifier. »