Page:Délices royales, ou le Jeu des échecs 1864.djvu/48

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gneur m’a frappé par la maladie de l’âme et l’angoisse du cœur ; et cette maladie me trouble par moments, elle est en moi depuis ma naissance, je marche le cœur plein d’amertume et en proie à la colère. L’humeur sombre l’emporte et ne me permet pas de modérer mon esprit pour étudier ou faire mes prières avec tranquillité. J’ai prié le Seigneur notre Dieu qui guérit les cœurs blessés et les fortifie contre la douleur, lui demandant de m’envoyer la guérison et d’éloigner de moi cette mort ; j’ai consulté les médecins suivant ce texte de la loi : « En guérissant, il (Dieu) guérira, » et c’est de là que leur vient la puissance de guérir. Chacun d’eux, me donnant son avis avec sagesse et science, me dit : « Oui, le remède et la guérison monteront vers toi, ta santé retrouvera de nouveaux germes, si tu chasses l’irritation de ton cœur pour devenir calme et gai ; la tristesse et les soupirs fuiront loin de toi, si tu donnes chaque jour à ton esprit quelque distraction en accordant quelques instants à la danse, au jeu, à la musique ou au chant des cantiques. Tes entrailles tressailleront de toutes sortes de joies, car un cœur joyeux donne plus de vertu aux remèdes. » Leurs paroles me plurent, et, réfléchissant souvent à ces différents moyens, je choisis le jeu comme meilleur emploi de mon temps, et j’ai cherché un compagnon aimé et fidèle qui jouât avec moi environ une demi-heure par jour. J’ai choisi