Page:Délices royales, ou le Jeu des échecs 1864.djvu/62

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qu’il ne pouvait la nombrer[1]. Dans son trouble, il alla trouver le roi et lui dit : — « Que notre roi vive dans l’éternité ! j’ai voulu faire selon votre volonté, et je n’ai pas transgressé vos ordres ; mais, ô roi, vous m’avez donné un ordre impossible à exécuter : j’ai consulté les livres des moissons, et dans toute l’étendue de votre royaume il n’y a pas assez de grains de blé pour pouvoir égaler le nombre que vous a demandé cet homme, car on ne peut ni le compter, ni le mesurer. Le demandeur a parlé avec esprit et sagesse. »

Entendant les paroles de son officier, le roi admira la grande science du sage, le fit venir près de lui, l’embrassa et lui dit : « Je sais maintenant que tu es homme selon la sagesse de Dieu : tu gouverneras mon peuple avec moi et tu mangeras à ma table. »

Et depuis lors, l’admettant à ses côtés, il en fit son ami et son frère.

J’ai lu dans un ouvrage très-ancien qu’un sage de la Perse avait inventé ce jeu pour Ardeshir ou Asué-

  1. Le comte de Basterot, dans son remarquable ouvrage (Traité élémentaire du jeu des Échecs ; Paris, 1863), après avoir donné le chiffre de 18,416,744,073,709,551,615, ajoute que le froment récolté actuellement en France et accumulé pendant cent neuf mille six cents ans, ne suffirait pas pour payer intégralement la dette du roi indien ».
    Le traducteur.