Page:Délices royales, ou le Jeu des échecs 1864.djvu/64

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en langue persane, veut dire : tristesse du roi, ou morale au roi.

Ce jeu est attribué aussi à un des sept sages de la Grèce et à différents autres, mais personne n’est d’accord sur ce sujet. Cependant on ne peut douter qu’il date de la plus haute antiquité, car nous en trouvons une mention dans les livres les plus anciens[1]. Ce qui me paraît le plus vraisemblable, c’est que les Persans l’ont découvert : car, dans presque tous les lieux où ce jeu est arrivé, on se sert, quand on y joue, de termes de la langue des Perses[2].

Voilà ce que j’ai trouvé sur la découverte de ce jeu. Le jeu des Échecs a une variété de noms et de surnoms provenant tous des langues et de la prononciation des peuples chez lesquels ce jeu est parvenu. Les uns l’appellent Shatrang, ce qui, en langue persane, — comme nous l’avons dit plus haut, — veut dire :

  1. Le Talmud (Tract. Kethouboth 5) parle de ce jeu, ainsi que son commentateur Raschi.
  2. Fréret, dans son discours prononcé à l’Académie (sous Louis XV), prouve que les Persans ont reçu le jeu d’Échecs des Indes, qui le portèrent en Perse pendant le règne du grand Cosroës ; d’un autre côté, les Chinois, à qui ce jeu est connu, et qui le nomment le jeu de l’Éléphant, reconnaissent aussi qu’ils le tiennent des Indiens, de qui ils l’ont reçu dans le VIe siècle. Le Haïpienne, ou grand dictionnaire chinois, au mot slanghki, dit que ce fut sous le règne de Vouti, vers l’an 537, ère vulgaire.
    Le traducteur.