Page:Démia - Reglemens pour les ecoles De la Ville & Diocese de Lyon. - Suivi des Remonstrances à MM. du clergé - Avis important touchant l'établissement d'une espèce de séminaire.pdf/78

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

PAR CE MOYEN les Fabriques et Manufactures se rempliroient peu a peu de bons Aprentis, qui pourroient ensuite devenir d’excellens Maitres [ de metiers], puisque dans ces Ecoles on leur enseigneroit, l’obligation, qu’ils ont de travailler fidelement et fortement, et les moyens dont it faudroit qu’ils se servissent pour sanctifier et faire fructifier leur travail, en leur insinuant une grande horreur de la chicane et de la feneantise : Il n’y auroit pas tant de peine de purger la Ville de lieux infames, puisque l’oisivete et la pauvrete qui sont les deux sources de la prostitution du sexe, en seroient bannies, vu que l’on remedieroit a l’une en les occupant a la lecture et ecriture, et qu’on surviendroit a[1] l’autre en ouvrant leur esprit par des saintes connoissances, qui les rendroient industrieuses pour gagner leur vie, et mieux disposées aux emplois qu’on leur voudroit bailler.

CES PETITES ECOLES SEROIENT, comme autant de Pepinieres, dans lesquelles ces jeunes plantes étant élevées soigneusement, seroient ensuite dans tous les emplois en odeur de benediction. La semence que les Pasteurs jetteroient dans ces petits chams seroit cultivee, par ces bons Maitres, lesquels, foilissans ces terres qu’on laisse en friche, pourroient parfois decouvrir des tresors d’autant plus utiles au public, que souvent il se rencontre de l’Or dans cette Bouë, et parmi ces Rochers des Pierres precieuses, c’est à dire des Sujets autant et quelquefois mieux disposez pour les Arts, les sciences et la vertu, que parmi le reste des hommes ; ce que grand nombre d’exemples confirment assez clairement. Ces Ecoles publiques seroient encore comme des Academies de la perfection des pauvres enfans, on les fougueuses passions de la jeunesse seroient domtées et soumises a la raison, leur entendement eclaire des vertus qu’on leur enseigneroit, leur memoire remplie de bonnes choses qu’ils y entendroient, et leur volonte echaufee par les exemples de vertu qu’ils y verroient pratiquer.

Elles seroient encore, si vous voulez, comme des Bureaux d’adresse, et des lieux de Marche sa parler au langage de l’Ecriture)10 dans lesquels les personnes les plus commodes[2]pourroient aller prendre, les uns pour se servir dans leurs Maisons, les autres pour emploier dans le Negoce, quelques-uns mêmes pour avancer dans les Sciences ; Enfin on pourroit envoier ces petits Ouvriers dans la vigne, et les emploier chacun selon leurs dispositions et talens, lesquels aians été perfectionnez dans cette Academie de vertu, formeroient des personnes sages pour leur conduite, industrieux pour les Arts, adroits pour le Negoce, et généralement des gens propres a tout ce a quoi on voudroit les emploier.

EN ELEVANT de cette façon les jeunes gens, l’on banniroit les débauches, l’on versoir le vice diminuer, parce qu’on leur en donneroit de l’aversion et de l’horreur pendant l’enfance, l’experience ne faisant que trop voir, que les crimes ne sont ordinairement commis que par ceux qui ont été mal élevez : Comme au contraire, il est tres-certain que les bonnes habitudes contractées dans la jeunesse, ne se perdent que rarement,

  1. au sens de « avant »
  2. commodes= obligeantes