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l’oisiveté, des procez et de la chicane : La vertu qui ne gâte jamais rien, qu’on leur enseigneroit, rectifiant leurs Esprits, en les rendant plus judicieux, les eloigneroit plutot de ces vices que de les y porter. 2. Qu’on ne pretendroit pas de les pousser dans la perfection de l’ecriture, et beaucoup moins au Latin ; Mais plutot de leur inspirer l’amour du travail et les moiens de se sanctifier, a quoi on commenceroit de les former, les faisant travailler dans ces Eccles a certaines heures aux boutons, tricotages, dantelles, etc. 3. On ne retiendroit ces enfans a l’Ecole, que jusques a ce qu’ils fussent en etat d’aprendre quelque profession, qu’on tacheroit de leur procurer par raport a leurs dispositions. 4. On espère enfin que les fruits que l’experience fera tirer dans la suite, détruiront plus que sufisamment cet Objection, et toute celles que l’on pourra faire contre une si Sainte entreprise.

MAIS POUR L’EXECUTION de cette œuvre, a qui peut-on avoir recours si ce n’est a la charite et au zele de Messieurs les Sacristains, Curez, et Marguilliers de chaque Paroisse. Qu’a ceux qui &sans dans les charges de Magistrature, sont apellez communement les Pères du Peuple ; Certainement par l’établissement de ces Ecoles Chrétiennes, ils le deviendront par un nouveau titre, et d’une maniere bien plus excellente que les Pères naturels, puisque ceux-ci leur aians bailie l’être, ne leur laissent que la misere, et le vice, pour apanage, pendant une vie qui se termine souvent a une mort eternelle ; Au lieu que ceuxta supleent au defaut, et a l’impuissance des autres, leur procurant une instruction qui leur donne une seconde vie plus precieuse que la première, dont la fin ne peut être que tres-heureuse.

L’on ne doute pas que le bon menage des deniers publics, auquel Messieurs les Prevost des Marchans et Echevins de Lyon, s’apliquent soigneusement, ne fust un obstacle pour l’exécution de ce dessein, s’il s’agissoit d’une dépense superflue ou peu profitable ; Mais tant s’en faut, que cet établissement des petites Ecoles, et le gage des Maitres qui en auroient le soin tilt a charge au public, qu’au contraire elle seroit un moien d’epargner d’autres dépenses plus considerables a la Charite et a l’Hôtel-Dieu, qu’on dechargeroit peu a peu de ces enfans trouvez, dont le libertinage du peuple le remplit : La prodigieuse multitude d’Aumones de pain que l’on distribue par les quartiers, seroit aussi notablement diminuee, parce que la nécessite du menu peuple, qui ne procede ordinairement que de l’oisivite, et de leur debauche, se finiroit en peu de tems, et l’on pourroit même faire une plus juste distribution de ces Aumones, parce que les plus nécessiteux, et plus dignes de secours seroient mieux connus.

Outre que l’Aumône d’une bonne éducation seroit plus profitable, et plus solide que toutes les autres qu’on leur pourroit faire, parce que celle-ci ne regarde pas seulement le soutien du corps, mais aussi la nourriture et perfection de l’ame : Quand on fournit aux Pauvres des vivres contre la faim, et des vêtemens contre la rigueur des saisons, ce sont la des bienfaits passagers, dont les uns se consomment par la chaleur natu-