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PREMIÈRE PHILIPPIQUE.

lui-même. Est-ce donc là ce que nous voulons attendre ? et croyez-vous que, si vous vous contentez d’envoyer des galères vides avec je ne sais quelles espérances conçues follement sur la foi de celui-ci ou de celui-là, croyez-vous que tout ira bien ? Ne prendrons-nous pas enfin le parti de monter nous-mêmes sur nos vaisseaux ? Ne marcherons-nous pas en personne avec des troupes composées, non plus seulement d’étrangers, mais aussi de soldats Athéniens ? Ne tenterons-nous pas une descente en Macédoine ? Mais où aborderons-nous ? dira quelqu’un. Eh ! la guerre elle-même, Athéniens, la guerre vous fera connaître les endroits faibles de votre ennemi, pourvu seulement que vous ayez le courage de l’attaquer ; mais, si vous continuez à rester tranquilles dans vos foyers, occupés seulement à écouter les orateurs qui s’accusent et s’injurient les uns les autres, il est impossible, absolument impossible de compter sur aucun succès.

En quelque endroit que vous tentiez une expédition, j’ose assurer que, si une partie seulement des citoyens monte sur la flotte, la bienveillance des Dieux et de la Fortune secondera nos efforts ; mais, partout où vous vous contenterez d’envoyer un général sans troupes, un décret sans force, de vaines espérances émanées de la tribune, quel succès pouvez-vous attendre ? Autant ces arméniens excitent la risée de vos ennemis, autant ils consternent vos alliés ; car il est impossible, abso-