Aller au contenu

Page:Démosthène - Œuvres complètes, Auger, 1819, tome 1.djvu/476

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
460
TROISIÈME PHILIPPIQUE.

Si jamais vous avez dû apporter de l’attention et de la sagesse dans vos délibérations, c’est surtout dans celle qui vous occupe aujourd’hui. Pour moi, ce qui me paraît le plus difficile, ce n’est pas de trouver le conseil qu’il faut vous donner dans cette conjoncture, mais de trouver la manière dont il faut vous le donner ; car je suis convaincu, et par ce que j’ai entendu dire, et par ce que j’ai vu moi-même, que vous avez perdu la plupart des occasions pour avoir négligé de remplir vos devoirs, et non pour les avoir ignorés. Je vous prie donc, si je vous parle avec une entière liberté, de ne pas vous offenser de ma franchise, et d’examiner seulement si je vous dis la vérité, et si je me propose, en vous la disant, d’amener un heureux changement dans notre situation ; car vous voyez vous-mêmes, que les harangues flatteuses de quelques-uns de vos orateurs sont la cause de l’état déplorable où vous êtes réduits. Mais il me paraît nécessaire, avant tout, de rappeler quelques faits à votre souvenir.

Vous n’avez pas oublié qu’on vint, il y a trois ou quatre ans, vous annoncer que Philippe assiégeait le fort d’Hérée(1) dans la Thrace : c’était dans le mois de décembre. Après beaucoup de discours et de tumulte, il fut décidé qu’on mettrait en mer quarante galères, qu’on embarquerait tous les citoyens qui n’avaient pas quarante-cinq ans accomplis, et qu’on lèverait une contribution de soixante talens. Cependant l’année s’écoula. Vinrent les mois