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Page:Démosthène - Œuvres complètes, Auger, 1819, tome 1.djvu/51

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PRELIMINAIRE. 35

gloire que donne le talent de la parole, ils n’étaient touchés que de l’éclat des exploits militaires. Mais enfin, quand ils furent plus tranquilles au dedans et au dehors, ils sentirent par eux-mêmes le pouvoir naturel que donne à un citoyen, dans les assemblées, le talent de persuader ceux qui nous écoutent, de les amener à un parti ou à un sentiment, ou de les en détourner par la force du discours ; ils sentirent le crédit qu’on acquiert parmi le peuple, maître absolu des grâces et des honneurs, soit en accusant les hommes puissans et fiers qui l’oppriment, soit en défendant les faibles et les opprimés.

Les premiers orateurs romains suivirent leur propre génie, et nous voyons dans Cicéron qu’ils ne manquaient pas de vigueur : mais leur éloquence rude et barbare, sans ornement et sans finesse, avait besoin d’être polie et adoucie par le commerce d’une nation savante qu’ils avaient vaincue. Les Grecs enrichirent leurs vainqueurs des belles connaissances qui avaient fleuri et qui fleurissaient encore parmi eux : ils leur apprirent à perfectionner par l’art, les talens qu’on a reçus de la nature. Quelques-uns, profitant de leurs leçons, commencèrent à goûter les agrémens du style et l’harmonie oratoire ; ils essayèrent même de les transporter dans leurs discours : mais il fallait que Cicéron parût pour montrer ce que la langue latine pouvait devenir entre ses mains, jusqu’où elle pouvait s’élever dans cette partie. En un mot, la jeunesse