Page:Démosthène - Œuvres complètes, Auger, 1819, tome 1.djvu/50

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
34
DISCOURS.

réunis par un goût général pour le vrai beau, le beau simple et sans apprêt. Je ne parlerai que d’Eschine et de Démosthène, qui sont les deux plus célèbres, et que je dois montrer deux fois aux prises l’un avec l’autre : il faut auparavant jeter un coup d’œil sur l’éloquence chez les Romains.

____________________


ÉLOQUENCE CHEZ LES ROMAINS.


Les Romains, occupés d’abord, soit à étendre leur empire en domptant les peuples voisins, et après eux des nations plus éloignées ; soit à pacifier l’intérieur de leur ville, en appaisant les agitations violentes causées par les débats presque continuels des plébéiens avec les patriciens, n’avaient songé, pendant plusieurs siècles, qu’à rendre leur nom redoutable par la terreur de leurs armes, qu’à fixer la constitution de l’état par la sagesse de leurs réglemens. Les charmes des arts, des sciences et des lettres, et en particulier ceux de l’éloquence, leur étaient inconnus ; insensibles à la


    passé presque toute sa vie à Athènes, et qui se piquait de mieux parler que tout autre : cependant, c’est à son langage qu’elle reconnut qu’il n’était pas du pays. Quelle force ne devait pas avoir un orateur pour déterminer tout un peuple dans une conjoncture importante ! mais aussi quelle finesse et quel art pour parler devant le peuple le plus poli qui fut jamais, le plus difficile à contenter en matière d’éloquence !