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QUATRIÈME PHILIPPIQUE.

traire, que nous ne devons rien entreprendre avec vigueur, à quels fâcheux événemens ne devons-nous pas nous attendre ? Au nom des dieux, est-il quelqu’un assez simple pour ignorer que la guerre viendra d’Olynthe à Athènes, si nous persévérons dans notre indolence ? et dans ce cas, je crains bien que, semblables à ces emprunteurs qui, après avoir acheté au prix d’énormes intérêts une aisance passagère, se voient à la fin obligés d’abandonner leurs propres fonds ; je crains que nous, pareillement, nous ne paraissions avoir acheté bien cher les douceurs du repos, et qu’après avoir tout rapporté à notre plaisir, nous ne soyons réduits à de fâcheuses nécessités, et obligés de défendre notre propre territoire.

Rien de plus facile, dira-t-on, que de s’ériger en censeur, tout le monde en est capable ; mais de proposer le parti le plus utile à suivre dans les circonstances présentes, voilà ce qu’on attend d’un conseiller. Je n’ignore pas. Athéniens, qu’il vous arrive souvent, après avoir essuyé quelque disgrâce, de faire tomber votre courroux, non sur les auteurs de vos maux, mais sur les orateurs qui ont parlé les derniers. Je ne crois pas néanmoins que la considération de ma sûreté particulière doive me fermer la bouche sur les intérêts de l’état.