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6 HARANGUE SUR LE TRAITÉ D’ALEXANDRE.


rale, on voit d’abord quels sont ceux qui l’ont enfreint, et qui ont violé les sermens. Je vais vous instruire, sans me permettre, dans une affaire aussi importante, des détails superflus.


Si on vous demandait, Athéniens, qu’est-ce qui vous indignerait davantage ? c’est, diriez-vous, dans le cas où il resterait des descendans de Pisistrate [2], qu’on vous fît violence, et qu’on vous obligeât de consentir à leur rétablissement. Vous prendriez les armes, vous vous exposeriez à tout plutôt que de les recevoir ; ou, si vous consentiez à ce qu’ils fussent rétablis, vous seriez plus misé rables que des esclaves achetés à prix d’argent, puisque personne ne tue son esclave de gaîté de cœur, et qu’on voit des tyrans faire mourir des citoyens sans aucune forme, outrager leurs femmes et leurs enfans. Mais Alexandre qui, au mépris des sermens et du traité commun, a rétabli les tyrans de Messène, les enfans de Philiade, s’est-il embarrassé de la justice ? N’a-t-il pas suivi son caractère tyrannique, sans nul respect pour vous et pour les conventions communes ? Vous donc qui seriez indignés qu’on vous fît ces violences, vous qui réclameriez les sermens, vous devez en réclamer l’observation lorsqu’il s’agit des autres, et ne point regarder d’un œil indifférent le mépris qu’on en fait dans les villes étrangères.