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SOMMAIRE DES DEUX HARANGUES.


mais ne produisirent point, pour le moment, ce qu’il en attendait. Les motifs de vengeance l’emportèrent, et firent nommer des députés poursouiever contre luitoute la Grèce. Eubulus et Eschine, qui furent depuis tous deux à la tôte de la faction macédonienne, étaient alors les plus animés contre Philippe. Eschine passa en Arcadie ; et, dans une assemblée nombreuse d’Arcadiens, convoquée à Mégalo polis, il leur fit promettre de prendre les armes contre ie roi de Macédoine.

Cependant un riche Athénien, nommé Phrynon, fut pris et pillé par des soldats macédoniens, malgré la trêve de quinze jours que l’on observait dans toute la Grèce pendant la célébration des jeux olympiques ; il fut même obligé de payer une rançon pour sa personne. De retour à Athènes, il demanda au peuple qu’on l’envoyât en Macédoine avec un citoyen portant le caractère de dé puté, pour tâcher de se faire rendre l’argent de son rachat et les effets qui lui avaient été pris. On lui donna Ctésiphon pour l’accompagner dans son voyage, et pour appuyer sa requête. Philippe les reçut tous deux avec son affabilité ordinaire. Il leur dit, entre autres choses, qu’il n’avait jamais fait la guerre aux Athéniens que malgré lui, qu’il voudrait bien la voir finir. Pbrynon et Clésiphon, charmés de l’accueil du monarque, ne manquèrent pas d’exagérer à leur retour ses bonnes dispositions pour la république. Le peuple en reçut la nouvelle avec des applaudissemens de joie, et passa, tout d’un coup, de la haine la plus violente à une reconnaissance excessive. On oublia les préparatifs de guerre ; et un citoyen, appelé Philocrate, proposa d’envoyer un héraut et des députés à Philippe, pour découvrir ses vraies intentions, et lui faire des propositions de paix. Le décret de Philocrate fut d’abord combattu, et ensuite confirmé. Quelques Athé-