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HARANGUE D'ESCHINE SUR LA COURONNE.

titre de son pouvoir, en laisse à d’antres la réalité. Et vous. Athéniens, vous sortez de vos assemblées, non après avoir délibéré sur vos intérêts, mais après avoir partagé entre vous , comme les restes d’un festin à frais commims , les débris de votre ancienne opulence [109].

Vous allez voir, par ce qui suit, que j’ai raison de vous reprocher votre mollesse, un citoyen de cette ville ( je souffre de vous retracer si souvent l’image de nos malheurs ), un citoyen timide, dont toute la faute était d’avoir tenté de passer à Samos, fut pris le même jour, et condamné à mort par le sénat de l’Aréopage , comme traître à la patrie. Un autre particulier, qui s’était réfugié à Rhodes, fut accusé, il n’y a pas long-tems, comme criminel d’état , pour avoir montré de la frayeur dans des circonstances critiques. Les voix furent partagées ; une seule de plus , il subissait la mort ou l’exil [iio]. Rapprochons le passé du présent. Un orateur, la cause de tous nos maux, qui a quitté son poste dans le combat, et s’est enfui d’Athènes, parce qu’elle était menacée d’un siège, exige des couronnes et des proclamations. N’éloignerez-vous point ce fléau commun de la Grèce ? ou plutôt ne saisirez- vous point, pour le punir, cet usurpateur du gouvernement, ce tyran de la tribune, qui nous maîtrise avec des paroles ?

Considérez, d’ailleurs, dans quelle circonstance ous allez juger. Nous sommes à la veille des jeux