de toutes les autres ensemble ; ce qui se conçoit
sans peine. Outre que ce pays est très-fertile,
Leucon, qui y règne, accorde à ceux qui transportent
ici du blé, exemption d’impôt, et le privilège
de charger les premiers. Car, s’il a reçu de
vous des exemptions pour lui et pour ses enfans,
il vous en accorde à vous tous d’une autre nature.
Et voyez combien les siennes sont importantes. Il
exige un trentième de ceux qui enlèvent des grains
de ses états ; nous prenons chez lui environ quatre
cent mille boisseaux, ainsi qu’on le voit par les
registres de nos pourvoyeurs ; il nous fait donc
grâce de plus de treize mille [8] boisseaux. Et il
est si éloigné de nous retirer cette exemption, qu’il
nous l’a accordée même pour le nouveau marché
qu’il vient d’établir à Theudosie ; lequel, au rapport
de ceux qui l’ont vu, n’est pas inférieur à
celui de Bosphore.
Je pourrais citer une foule de services que vous avez reçus de lui et de ses ancêtres. Sans parler du reste, il y a trois ans, la disette s’étant fait sentir dans toute la Grèce, il nous envoya des grains en quantité suffisante, et à si bas prix, qu’il resta quinze talens à Callisthène de l’argent qu’on lui avait remis pour faire des provisions de blé. Mais je vous le demande, un prince qui en a agi avec vous de la sorte, que fera-t-il, quand il apprendra que vous lui enlevez par une loi les exemptions, et qu’à l’avenir vous ne serez plus libres de