hommes. De tels discours paraissent spécieux et
fort propres à vous persuader d’abolir les exemptions,
mais ne sont nullement solides. Ignore-t-on,
en effet, que les lois, les coutumes et le gouvernement
des Thébains et des Lacédémoniens, sont
différens des nôtres ? Par exemple, il n’est pas
permis à Lacédémone d’agir comme feront nos
adversaires, s’ils tiennent le langage que je dis,
de louer les usages des Athéniens ou des autres
peuples. Tant s’en faut qu’on y ait cette licence,
qu’il n’est libre d’y faire et d’y louer que ce qui
contribue au maintien du gouvernement. D’ailleurs,
quoique les coutumes de Lacédémone ne
soient pas les mêmes que celles d’Athènes, on accorde
aussi, dans cette ville, des récompenses,
mais que le peuple de la nôtre serait bien fâché
qu’on introduisît parmi nous. Et quelles sont ces
récompenses ? sans les parcourir en détail, je n’en
citerai qu’une seule qui les renferme toutes. Lorsqu’on
s’est comporté de manière à être admis dans
le sénat, on est maître absolu du peuple ; car à
Lacédémone le prix de la vertu est de partager
l’autorité souveraine avec un petit nombre d’égaux
[30] ; au lieu que chez vous la souveraineté
appartient au peuple, et l’on a établi des lois et
des magistrats pour empêcher que d’autres ne
l’usurpent : les pensions, les couronnes, les exemptions,
sont la récompense du mérite. L’un et l’autre
est bien ordonné chez vous et à Lacédémone. pour-
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HARANGUE CONTRE LA LOI DE LEPTINE.